• La Russie se pose comme l'avenir énergétique de l'Europe

    Le sommet de Lahti en Finlande réunissant les présidents des 27 pays de l'Union Européenne devait aborder la question énergétique avec le président russe, Vladimir Poutine. Un sommet axé surtout sur la coopération russo-européenne concernant les ressources énergétiques et leur utilisation.


    Vendredi 20 octobre 2006 se sont réunis les 27 dirigeants de l'Union Européenne pour un sommet à Lahti, en Finlande. La question de l'énergie et de la coopération économique avec la Russie ont été abordées en présence du président russe Vladimir Poutine.

    Face à la hausse des prix du pétrole, du gaz et le problème du réchauffement climatique, les 27 dirigeants européens se sont mis d'accord sur le principe d'une politique énergétique commune avec la Russie, évoquée lors du Conseil Européen de mars 2006. La Russie exporte actuellement 67% de son gaz vers l'Europe, ce qui constitue un quart de sa consommation.

    Au-delà de la déclaration de principes de cette politique commune, les détails de la coopération énergétique entre les deux parties ont été renvoyés à d'autres instances de négociations : le sommet Union Européenne - Russie et le Conseil Européen prévus en décembre. Les protagonistes n'ont pu s'accorder sur la nature du document qui devra remplacer l'Acte de partenariat et de coopération existant depuis dix ans. La Russie et l'Europe sont déjà associées à la charte de l'énergie de 1994, mais non ratifiée par la Russie (car elle signifierait la fin du monopole du groupe étatique Gazprom dans le secteur). M. Poutine n'a pas cédé, appelant à une « meilleure définition » de certaines dispositions.

    Il était primordial pour l'Union Européenne d'être conciliante avec la Russie tant les enjeux économiques sont importants. Ainsi, les autres questions essentielles qui devaient être abordées ont rapidement été avortées. C'est l'exemple du problème russe avec la Géorgie, que M. Poutine accuse publiquement de préparer un « bain de sang » dans les territoires indépendantistes du Sud Caucase. La Géorgie est toujours victime d'un embargo total sur toutes les relations avec la Russie, même postales. De même, les dirigeants européens se sont contentés d'effleurer les problèmes liés à l'Etat de droit en Russie. Si le meurtre récent de la journaliste Anna Politkovskaya a été ''évoqué'', d'autres sujets d'inquiétude, comme les barrières administratives à la présence des ONG étrangères sur le sol russe ou la question de l'immigration, ont été passés sous silence.

    « L'Union Européenne et la Russie ont intérêt à s'entendre. Il n'est pas question de lier des actions morales à des actions économiques, ce sont deux domaines différents » a tenu à souligner Jacques Chirac. Une ligne de conduite adoptée par les 27 Etats-membres, même après l'annonce du monopole gazier russe, Gazprom : il exploiterait seul l'immense gisement de gaz de Shtokman, éclipsant ses partenaires dont le groupe français Total. Mais le président russe a tenu à rassurer l'assemblée en justifiant ces actes pour assurer la sécurité des apprivisionnements.
    La veille du sommet de Lahti, M. Andris Piebalgs, le commissaire européen à l'énergie, a proposé un plan d'action pour l'efficacité énergétique. Destiné à réduire la consommation européenne de plus de 100 milliards d'€ par an pendant les 14 prochaines années, il permettrait également de préserver la planète d'environ 780 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an. Une initiative globalement approuvée par les membres de l'UE, qui devront surtout sensibiliser les citoyens pour pouvoir économiser 20% d'énergie d'ici 2020.


    Marc Desmaillet


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